EDDA poétique : Le Chant de Harbard
Ah ! Le Chant de Harbard, tu vois, c'est pas une chansonnette à fredonner au coin du feu. Non, c'est un truc qui claque, qui résonne, une joute verbale, une vraie, entre Thor et un passeur crasseux nommé Harbard, qui est en fait Odin déguisé, tu piges ?
Thor, ce grand dadais de dieu au marteau, revient tout essoufflé de l'Est où il a bien tapé sur la tête des trolls et des géants, tu vois le genre. Et voilà qu'il arrive, le gars, fatigué, les pieds boueux, devant un fleuve large et méchant. Et là, sur l'autre rive, qui qu'il voit ? Un vieux schnock, debout dans sa barque, un rictus sous la moustache, un vrai filou. C'est Harbard, sauf que le pauvre Thor, il sait pas que c'est Odin en personne, son propre père, déguisé pour lui faire marcher sur les pieds.
"Hey, le passeur !", qu'il gueule Thor, "Fais-moi traverser, j'ai les pieds qui font des cloques gros comme des galets !"
Et le vieux, tranquille, tranquille, "Pourquoi je te ferais traverser, toi, grand nigaud ? T'es qui d'abord ? T'as la tête de l'emploi des emmerdeurs."
Ça part comme ça tu vois, et ça monte vite. Thor, il aime pas qu'on le prenne pour un demeuré. Il balance son nom, son CV, tout le tintouin. "Je suis Thor, le casseur de géants, celui qui fait trembler le ciel !"
Et Harbard, ce filou, il ricane, il se moque : "Thor, vraiment ? Moi, j'aime mieux les gars qui savent user de leur tête plutôt que de leur muscles."
Ils se lancent des piques, des vrais coups bas. Harbard raconte ses conquêtes, ses malices, comment il manipule, comment il charme. Thor, lui, il parle que de taper, de fracasser, de boire. C'est un duel de mots, mon pote, un combat de coqs avec des rires gras et des œillades perfides.
À la fin, tu sais quoi ? Le vieux passeur, il refuse carrément de le faire traverser. Thor, il explose, il menace de lui coller son marteau entre les deux yeux. Mais rien à faire, le vieux, il s'en fout, il le nargue jusqu'au dernier moment, puis il disparaît dans la brume, laissant Thor tout rouge, tout gonflé de rage.
Notes de l'auteur :
Ce Chant de Harbard, c'est une satire, mon vieux, une critique en règle. Ça montre deux faces des dieux, deux manières de régler les problèmes. D'un côté, t'as Thor, le bourrin, qui pense qu'avec ses muscles, il peut tout arranger. De l'autre, t'as Odin, le rusé, le malin, qui sait que les mots et l'esprit sont souvent plus tranchants qu'une lame. C'est un choc des cultures, tu vois, une leçon que la force brute, c'est pas toujours la réponse.
C'est comme dans la vie, parfois on croit qu'en tapant fort on va tout résoudre, mais en face, le monde, il répond avec ruse, avec des coups tordus. Et souvent, c'est celui qui parle bien qui gagne à la fin, pas celui qui frappe fort. C'est un peu ça, l'ironie du sort, le jeu des dieux, une farce cosmique où même les plus puissants se font rouler dans la farine.