
EDDA en prose : Le jeu d'échecs des dieux et la trahison de Loki
de lecture - mots
"Un tricheur, ce n'est qu'un pessimiste en action", écrivait un jour ce bon vieux Cioran, un type qui savait de quoi il parlait, c'est sûr. Alors ces sacs à vin de Vikings, toujours le sourire en coin, la barbe hirsute, avec leur look de tatoués de prison, tu te demandes ce qu'ils branlent à se pencher sur un échiquier, à tripoter des statuettes de bois comme des gamins avec leurs billes. Un spectacle à la con, mais un spectacle qui en jette, vas-y comprendre !
Et puis t'as Loki, le roublard, la fripouille. Le mec te resquille une armée de drakkars vikings avec un claquement de doigts, sans sourciller. Un filou, un margoulin, mais le gars te fout le feu aux planches, c'est du pur spectacle.
On se retrouve donc dans le patelin des dieux, Asgard, avec Odin et ses acolytes barbus qui se dorent la pilule. Jusqu'à ce qu'une partie d'échecs se mette en branle. Rien de plus banal que de se foutre d'une partie de cartes pour passer le temps, sauf que là, on parle d'un jeu divin, avec des enjeux qui te rempliraient le Valhalla, bordel !
Comme disait Dostoïevski, "Nous jouons aux échecs avec Dieu. Mais après chaque coup, Il redessine l'échiquier". La partie démarre, les dieux se la jouent concentrés, et Loki, le marlou, se marre en coin. Il voit Thor qui se démène avec ses paluches d'ours pour déplacer ses pions, Freyja qui arbore un rictus de chatte rusée, et Odin, l'aigle suprême, qui scrute l'échiquier comme s'il cherchait à déchiffrer les mystères de l'univers.
Puis, alors que les dieux vikings sont obnubilés par leur partie, Loki, le goupil, pique le marteau de Thor. Comme si le dieu du tonnerre, trop occupé à jouer, n'avait pas senti le poids de son marteau lui échapper, comme si Loki avait réussi à hypnotiser toute une assemblée de barbares divins avec une partie d'échecs.
Mais voilà, le coup de pute ne reste pas impuni chez ces brutes de Vikings. Loki est grillé, son manège dévoilé, et le marteau de Thor retrouve sa place. Et la leçon à retenir de ce micmac ? C'est que les divertissements ne doivent jamais nous faire perdre de vue l'essentiel. Comme disait l'autre, "Un Viking sans son marteau, c'est comme un navire sans voile, un guerrier sans arme". Et surtout, un tricheur finit toujours par se faire baiser. Loki l'a appris à ses dépens, comme tous les couillons qui croient pouvoir rouler tout le monde sans en payer le prix.
Alors grave ça dans ta caboche, vieux, dans la vie, comme aux échecs, il faut toujours surveiller ses miches et ne jamais oublier qui on est. C'est ça, la philosophie Viking. C'est ça, la sagesse brutale.
Et puis voilà que déboule ce Skald, Snorri La-Moustache-qui-gratte-, avec sa poésie de comptoir qui fleure bon l'avant-garde, et qui nous balance son ode à la tromperie :
"Miroir des illusions, leurre de l'opportuniste,
Plaisir de l'échiquier, serti de jade et d'agate.
Dans l'ombre, l'astucieux s'étire, insoumis,
Nargue le temps, brouille les pistes, et se dilate.
Qui danse avec Loki, joue avec l'abyssale voracité,
Rire du Trickster, sombre éclat de rire, éternité."
"Dans le velours de la duplicité, se glisse le serpent,
Riant sous cape, sifflant des vérités travesties,
Tisse le fil d'Ariane, enchevêtrement insolent,
Où se perd le guerrier, dans ses méandres épris.
Le sourire de Loki, énigme aux mille facettes,
Est un labyrinthe de glace, un abîme de feu,
Où se noie le sage, où s'éveille le poète
Et où le rire cède au souffle silencieux.
Que celui qui brave l'échiquier des dieux,
Sache que le trompeur n'est pas celui qu'on pense
.
Car en chaque pion se cache un jeu audacieux,
Et la victoire réside souvent dans la démence.
Loki, joueur de flûte, danseur de l'ombre,
Taquine les fils du destin, brouille les cartes,
Dans son rire résonne le tonnerre, le sombre,
Et dans sa farce, la vérité souvent démarre.
Car la tromperie est un art, une musique complexe,
Un balancement subtil entre le vrai et le faux,
Et celui qui sait danser avec elle, qui l'annexe,
Trouve la liberté au-delà du chaos."
C'est ainsi que résonne la parole de Snorri La-Moustache-qui-gratte, une poésie qui célèbre le plaisir de la tromperie qui gratte aussi