Pendentif en alliage de zinc
Les Médaillons de l'Horizon : Le Lien Indéfectible d'Oddur et Asmund
Ils ne s'appelaient ni Ragnar, ni Bjorn, comme on aurait pu croire en les voyant, ces géants aux barbes hirsutes, les yeux creusés dans la tourmente des océans. Non, ils se nommaient Oddur et Asmund, et ces deux tauliers de la mer, ces forcenés de l'horizon, étaient inséparables comme des frères soudés dans le sang et la chair. Leurs drakkars étaient comme des extensions d'eux-mêmes, des charpentes d'ossature et de peau étirée sur le squelette de leurs âmes errantes.
Quand ils rentraient au port, en fin de journée, après avoir écume les mers, traqué les baleines, fendu les vagues à coups de rames et de hurlements, une excitation s'emparait d'eux. Une fièvre de jeu, une pulsion enfantine les animait. Ils se lançaient des défis absurdes et fascinants, des courses effrénées à travers la baie, de rocher en rocher, d'anse en anse.
« À celui qui arrive le premier au quai ! » criait Oddur, l'œil enflammé, le médaillon doré autour du cou.
Le médaillon. Ah ! Ces deux bijoux que portaient nos marins étaient de drôles de machins. Le vegvisir y était gravé, un symbole qui se voulait guide, en son centre, entouré d'un cercle de runes. Oddur avait ses symboles couleur or. Asmund, les siens couleur argent. Deux amulettes en apparence semblables, mais pourtant si dissemblables, comme eux.
On disait dans les tavernes, entre deux chopes de cervoise et un morceau de poisson séché, que ces médaillons étaient des talismans de navigation. Qu'ils avaient le pouvoir non seulement de guider leur porteur à travers les brumes et les tempêtes, mais aussi de les lier l'un à l'autre, comme des âmes jumelles, perdues et retrouvées à chaque marée. Des boussoles géographiques et psychologiques, voilà ce qu'étaient ces deux pendentifs.
Peut-être était-ce grâce à ces médaillons que ni Oddur ni Asmund ne s'étaient jamais perdus. Peut-être même était-ce grâce à eux qu'ils savaient toujours où trouver l'autre, même dans le brouillard le plus épais, dans la nuit la plus noire, dans les moments où la mer elle-même semblait vouloir les avaler. Ils n'étaient jamais trop loin l'un de l'autre, toujours dans le sillage mutuel, comme deux étoiles gravitant autour du même noyau de désir et d'ivresse.
Ce n'était pas l'amour, non. C'était quelque chose de plus vaste, de plus inexplicable. Comme si chaque coup de rame, chaque voile déployée, chaque cri de mouette et chaque embrun salé portaient en eux une partie de cette essence indescriptible qui liait Oddur à Asmund, et Asmund à Oddur.
Ainsi, chaque retour au port se transformait en une compétition fraternelle. Leurs hommes d'équipage hurlaient, encourageaient, pariaient sur leur capitaine préféré. Les drakkars filaient sur l'eau comme des flèches, leurs voiles gonflées par un vent complice. Et quand finalement ils touchaient le quai, quand les poutres de leurs embarcations frôlaient le bois usé de la jetée, un rire tonitruant s'échappait de leurs gorges, un rire qui englobait tout, l'océan, le ciel, les étoiles et même ces foutus médaillons qui n'étaient jamais loin de leurs cœurs battants.
Car après tout, n'était-ce pas là le plus important ? Le fait qu'ils soient toujours là, l'un pour l'autre, dans ce monde brutal et changeant, à naviguer à travers les tempêtes et les calmes plats, à chercher dans chaque horizon un reflet de leur âme égarée, à trouver dans chaque aventure une nouvelle raison de vivre, et de rire, et d'être. Ah ! Sacré périple que celui de la vie, vous ne trouvez pas ? Et ces deux-là, Oddur et Asmund, ils avaient choisi de le faire ensemble, guidés par leurs médaillons et leurs rêves insensés. Ah ! La vie, mes amis, la vie... rien de moins sûr, rien de plus beau.