3 nornes

EDDA poétique : Le Dit des Nornes

Bon, alors, laissez-moi vous raconter un truc, vous faire le topo. Y'a ces nanas, les Nornes, qui dirigent la boutique, la vie, la mort, tout le tintouin. Trois bonnasses : Urd, Verdandi et Skuld. L'une est du passé, l'autre du présent, et la dernière... elle est tout droit venue du futur. Pas besoin d'être cartomancienne pour voir où je veux en venir.

La première, Urd, elle est là, à picoler dans le puits de la sagesse, à déverser de l'eau et du sable blanc sur cet arbre, Yggdrasil, pour le garder frais et pimpant. Mais elle a un œil sur le rétroviseur, elle regarde toujours derrière. L'ancien temps, les vieilles histoires, c'est son dada.

Puis y'a Verdandi, le moment présent, l'ici et maintenant. Elle est là, au milieu de l'agitation, à tricoter les événements, à les lier entre eux. C'est elle qui cause le raffut, la vie, l'agitation. Pas de pause pour la demoiselle, le présent c'est un boulot à plein temps.

Et enfin, on a Skuld. Elle, elle est en avance sur son temps. Elle voit ce qui s'en vient, ce qui est pas encore là. C'est une sorte de prophétesse, avec ses pronostics, ses prédictions. Elle cause du futur, elle file des indices. Mais c'est du crypté, du sous-entendu. Faut lire entre les lignes pour capter.

Et tout ce bordel, c'est le destin. C'est comme un fil, tu vois ? Il se déroule, il s'emmêle, il se casse. C'est la vie, c'est la mort, c'est tout ce qui est entre les deux. Et ces nanas, elles sont là pour le gérer, pour le tenir. Un sacré boulot, je vous le dis.

C'est ce qu'elles font, les Nornes. Elles boivent, elles tricotent, elles causent. Elles filent le destin, elles le tissent. Elles nous filent le tournis, ces bonnes femmes, avec leurs histoires, leurs trucs. Mais bon, c'est comme ça. C'est le destin, c'est la vie. Et on peut rien y changer.

Pour ce qui est des explications de ce charabia, faudrait un sacré cerveau pour s'y coller. Un type qui pige tout, qui voit clair dans le bordel. Un mec qui a la tête bien pleine, qui connaît son affaire. Pas moi, hein ? Faut pas rêver. Mais je suis sûr que y'a des têtes pensantes qui pourraient vous aider. Des mecs comme... Oh, j'sais pas moi... Un philosophe ? Un érudit ? Ouais, c'est ça. Un érudit. Quelqu'un qui saurait vous expliquer tout ça, qui saurait vous faire piger le topo. Mais ce sera pas moi. J'suis pas de ce calibre, moi. J'suis juste un conteur, un baratineur. Alors, pour le reste, faut chercher ailleurs. Chercher quelqu'un qui sait, qui comprend. Quelqu'un qui a le sens de la chose, qui a la tête sur les épaules. Voilà. C'est tout ce que j'ai à dire. Pour le reste, à vous de voir.

 

Explication

Le texte met en scène les Nornes, figures mythiques nordiques de la destinée. Leur fonction dans le panthéon nordique correspond à celle des Moires grecques ou des Parques romaines. Ces figures sont importantes dans toute réflexion sur le destin, le temps et la manière dont nous appréhendons le passé, le présent et le futur.

Urd, la Norne du passé, symbolise l'importance de l'histoire, de la tradition, de la mémoire. Elle nous rappelle que ce que nous sommes aujourd'hui est le fruit de notre histoire, que notre identité est enracinée dans nos expériences passées. Le fait qu'elle arrose constamment l'arbre Yggdrasil avec de l'eau du puits de la sagesse montre l'importance de se souvenir, de cultiver notre passé pour maintenir notre santé et notre vitalité présentes.

Verdandi, la Norne du présent, est le témoin de l'action en cours, de la création et de la transformation. Elle représente notre présence constante dans l'instant, l'activité incessante de notre vie. Son travail de tissage symbolise la création continue de nos vies, le lien entre nos actions et leur résultat.

Skuld, la Norne du futur, est la plus énigmatique. Sa connaissance du futur, tout en étant indéniable, est souvent obscure, symbolisant l'incertitude inhérente à notre vision de l'avenir. Cela souligne notre désir de connaître notre destin, mais aussi notre peur de l'incertitude.

L'histoire des Nornes nous invite à une réflexion profonde sur la condition humaine. Nous sommes des êtres temporels, constamment engagés dans le flux du temps. Notre vie est un tissage complexe de moments, façonnés par notre passé, vécu dans le présent et tendu vers le futur. C'est une invitation à une conscience accrue de notre propre temporalité, à la fois de notre héritage et de notre potentiel. Ainsi, malgré le ton décontracté du texte, il aborde des questions fondamentales de la philosophie : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?

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