Manches courtes
Matière : coton
Col rond
Visuel en impression numérique
Et voilà que ça commence, un frémissement dans le silence du monde. Là, au coeur du grand Tout, Odin, le vieux, le tout-père, se morcelle, se dissout, s’éparpille... Un grand bouleversement cosmique, la naissance d'un chaos éblouissant. On le voit, l’imagine, on le sent surtout... Son immense figure se désagrège, se métamorphose en un essaim d’astres fulgurants, d’univers en devenir.
Des étoiles, des myriades d'étoiles, s’échappent de sa barbe drue, roulent, s’évadent dans l’infini céleste. De sa chevelure déliée s'effilochent des constellations entières, s'éparpillant, dansant dans la vaste noirceur comme des lucioles en liberté. Le visage s'efface, s'estompe en un ballet lumineux, les yeux, le nez, la bouche, tout se désintègre en poussière d’astres, en souffle sidéral. Un vent cosmique emporte tout, disperse tout, des fragments d'Odin dans l'éther, de la tête aux pieds, rien que des particules d'univers, que des bris d’éternité.
On se sent minuscule, on se perd dans ce bouillonnement stellaire, cette profusion de lumière, ce vertige infini. Odin n'est plus, et pourtant, il est partout. Dans le scintillement d’une étoile, dans la course folle d'une comète, dans l'étreinte lointaine des galaxies. Tout est lié, tout est lui, tout est nous. Une grande symphonie cosmique résonne, chaque note un astre, chaque silence un abîme, chaque mouvement une danse céleste.
On se tait, on contemple, on s’abandonne au grand tout, à cette grande dissolution où les frontières s'effacent, où les noms n'ont plus de sens, où l’être et le non-être se confondent. La voie lactée s’écoule, fleuve d'étoiles, dans les veines de l’espace. On vogue, on dérive, on se laisse emporter, dans cette mer infinie où Odin a semé les graines des mondes, où il a disparu pour renaître, où il danse toujours, dans le grand ballet du cosmos.
