Manches courtes
Matière : coton
Col rond
Visuel en impression numérique
Ah ben je t'en foutrais de ces histoires, de ces légendes, qui nous traînent dans la boue, dans le sang, dans la fureur, avec une délicatesse d’hippopotame en chaleur ! T'as vu ce loup ? Fenrir qu'ils l’appellent les anciens, avec des yeux de merlan frit, avec leurs barbes blanches, leurs regards perdus dans les brumes du Nord... T'as vu comme il est là, le loup ? Tout beige, tout calme, tout doux, comme un agneau qu'a jamais connu la boucherie, la saignée, le couteau qui tranche et qui sépare la vie de la mort...
Mais t’inquiète pas, vieux, t’inquiète pas... C'est qu'un répit, qu'une pause, qu'un silence avant la tempête, le déluge, l'apocalypse... Ce loup, Fenrir, le fauve, la bête, l'animal, y attend son heure, tranquillement, patiemment, sournoisement, comme un banquier qui compte ses billets, ses lingots, ses trésors, en rêvant de ruines, de faillites, de misères...
Et quand son heure sonnera, quand les étoiles s'éteindront, quand le soleil s'effondrera, quand la lune saignera, ah, fini le beige, mon ami, fini la douceur, la tendresse, la tiédeur... Bienvenue au rouge, au vermillon, à l'écarlate, à la couleur du sang, du feu, de la colère, de la destruction... Le loup Fenrir se lèvera, grand, immense, colossal, et ses crocs brilleront, étincelants, acérés, impitoyables, et sa gueule s'ouvrira, béante, insatiable, abominable, et il avalera le monde, la terre, les hommes, les dieux, dans un rugissement, dans un hurlement, dans un cri...
Ah, il sera beau le spectacle, il sera grand le chaos, il sera terrible le désastre, quand Fenrir, le loup, se réveillera, et que son beige s’éclaboussera, s’effacera, disparaîtra, sous le rouge, l'incarnat, le carmin, le pourpre... Ah, ce sera la fin, l'extinction, l'annihilation, l'anéantissement... Et on sera là, les yeux écarquillés, la bouche bée, les mains tremblantes, à regarder, à contempler, à admirer, la danse du loup Fenrir, la danse de la mort, la danse du néant... dans un tourbillon de rouge, dans un vortex de feu, dans un cyclone de sang...
