Manches courtes
Matière : coton
Col rond
Visuel impression digitale
Quand la nuit tombe en nappes lourdes, le conteur, au pas chancelant, s’aventure dans la forêt, éraflé par les branches, épié par la lune blafarde. Dans ce chaos nocturne, les arbres tremblent, des ombres esquissent des danses diaboliques. Il s’arrête à la clairière, là où repose le Maître des runes, vieillard aux yeux percés de mille éclats d'étoiles.
"Dis donc Maître des runes vénéré, c’est le conteur, tu me permets d’entrer, j'ai une question à te poser."
Le vieux sourit, douceur glacée dans la brise nocturne. “Entre donc, je m’ennuirais si tu ne passais pas au moins une fois par jour. Que puis-je faire pour toi?”
Le conteur exhale sa détresse, “Eh bien, il y a ce symbole : La flèche de Gugnir la fameuse lance d’Odin, ces deux corbeaux, des nœuds celtiques et des runes tout le tour. Il dégage une grande puissance, j’aimerai comprendre le pourquoi et le comment alors je m’adresse à toi qui connait tout.”
"Merci du compliment, approche que je t'explique," murmure le vieux en griffonnant des signes invisibles dans l'air frissonnant.
C’est un mélange enfiévré de mots et de symboles, un délire harmonieux où chaque élément danse dans l'éther. Le Maître des runes parle d’Odin, de sa quête éperdue de savoir, de la lance qui ne faillit jamais, du vol lugubre des corbeaux, messagers des dieux, émissaires de l'inconnaissable. Les nœuds celtiques s’entrelacent, forment le tissu de l'univers, trament les destins entrecroisés. Les runes, elles, murmurent les secrets des mondes, portent en elles la force brute des éléments, l'harmonie fragile de la création.
Le conteur écoute, les yeux écarquillés dans la lumière ténue des étoiles. Les mots du vieux s’enroulent en volutes mystiques, dévoilant l'éclat solennel des symboles. Les énergies tourbillonnantes enveloppent le conteur, éveillent en lui des résonances oubliées. L’histoire s’incruste en lui, pénètre son âme, y laisse des empreintes indélébiles.
Il remercie le Maître, s'enfonce dans la nuit apaisée. Désormais porteur des secrets, il se sent prêt à narrer l’épopée des dieux et des runes, à tisser les fils des légendes ancestrales, à percer les voiles de l'existence avec la lance infaillible du savoir.
Dans les ténèbres qui se délitent, l’aube effleure le monde, diffuse sa lumière fragile sur le chemin du conteur. Dans son cœur résonne l'écho des anciens, la mélopée des symboles, le chant puissant des runes. La quête continue, infinie, au-delà des ombres et des étoiles.
