Manches courtes
Matière coton
visuel imprimé
Ah ce Floki, une vraie girouette, un souffle de vent à l’intérieur, les pensées qui virevoltent comme des feuilles mortes en automne. Il se pointe un beau jour chez le vieux sage, l’œil allumé par une de ces envies passagères qui lui traversent l’esprit plus vite que l'éclair zèbre le ciel.
"Des fois, vieux sage," qu’il lui dit avec son air de gamin qui a une idée derrière la caboche, "j'ai comme une envie de me faire encrer la peau, tu vois ? De ces dessins, là, qui restent à vie. Mais l’envie, elle se fait la malle aussi vite qu’elle est venue." Il marmonne, Floki, il rêvasse tout haut. "T'imagines, avec le progrès, toutes ces nouvelles machines, peut-être qu'un jour, on pourra griffonner sur les vêtements des dessins aussi nets que les tatouages ?"
Il regarde le sage, ses yeux pétillent, impatients, cherchant dans les prunelles ridées du vieil homme une lueur d’assentiment, une étincelle de compréhension.
"Qu'est-ce que t’en dis, vieux sage ? C’est des conneries, hein ? Des futilités ?" Y a de l’insolence et de l’espoir dans sa voix. "Moi, je me verrais bien avec un haut, là, une belle tête de mort flanquée de deux haches, t’imagines le tableau ?"
Le vieux sage, il le regarde, ce Floki agité. Il sourit, ses yeux plissés comme deux amandes séchées. Il voit bien, lui, ces idées de jeunot, ces envies d’immortaliser l’éphémère, de graver sur le tissu ce que la peau n’ose porter.
"Toi, ça va sûrement être un truc avec tes fichues runes, hein vieux ?" Il rit, Floki, il se marre en imaginant le vieux sage, tout décoré de ces signes mystiques qu’il aime tant.
Le sage ne dit rien, il sourit toujours, son sourire doux comme la brise d’été. Les idées folles, il en a vu défiler, des comme ça, des rêves, des envies, des chimères. Et il sait, au fond de lui, que peut-être, un jour, ces doux délires deviendront réalité. Qui sait ? Dans le tourbillon du monde, tout est possible, même le plus fou.
