Pendentif en acier inoxydable
Nils, ah ce drôle de bonhomme, une bête de mer, un vrai ! L'océan dans les veines, le sel sous la peau, et l'horizon comme seul voisin. Il avait sa femme, ses gamins, tout un petit monde à terre qui l'aimait, qui l'attendait, mais la mer, c'était plus fort que tout. Une maîtresse capricieuse, violente, mais irrésistible. C'était comme ça, il lui fallait son grand large, son espace, son néant d'azur et de sel.
Le pendentif qui balançait sur sa poitrine, oh la sacrée ferraille ! Une ancre marine en argent, massive, lourde, et puis ce petit bout de Jormungand qui s'enroulait autour comme un avertissement. "Prends garde, Nils ! Prends garde à toi ! Et prends garde à ceux qui t'attendent !" C'était comme une prière, un chapelet qu'il récitait sans cesse, dans les tempêtes, dans les calmes plats, quand la mer était une amie ou une furie.
Tous les retours étaient des renaissances. Il descendait du bateau, le visage buriné, les mains calleuses, mais les yeux, ah les yeux ! Pleins d'étoiles, pleins de mers inconnues, de trésors et de mystères. Sa femme, elle l'embrassait, elle le serrait contre elle comme pour être sûre qu'il était bien là, en chair et en os, et non pas un fantôme échappé des abysses.
Les gamins, ils couraient vers lui, ils attrapaient son pendentif comme s'ils touchaient un morceau de magie, un talisman. C'était plus qu'un simple bijou, c'était un morceau de lui, une part de son âme, un fragment de son infini.
Et pourtant, dès que les retrouvailles s'estompaient, dès que les baisers et les câlins étaient donnés, l'appel revenait. Insidieux, incessant. La mer, toujours la mer. Alors Nils repartait. Il embrassait sa femme, il caressait la tête de ses enfants, et il retournait là où il se sentait vivant, là où il était vraiment lui.
Le pendentif toujours là, à se balancer au rythme des vagues, à se mouiller dans l'embrun. Une ancre et un serpent. Un équilibre précaire entre la stabilité et le danger, entre la terre et la mer, entre l'amour et la liberté.
Chaque départ était un déchirement, chaque retour une délivrance, mais chaque voyage était nécessaire. Parce que Nils, ah Nils ! Il était un marin, un vrai, et pour rien au monde il n'aurait échangé sa mer contre un bout de terre ferme. Le pendentif était là pour le rappeler à l'ordre, pour le ramener chez lui, mais chez lui, c'était partout et nulle part. C'était dans le grand large, dans le grand tout. Ah, ce sacré Nils !