Pendentif en acier inoxydable
A l'ombre des fjords, où les échos des contes anciens résonnent encore, le conteur et le maître des runes se retrouvaient, tels deux vieilles âmes à jamais entrelacées. Les mouettes criaillaient, les vagues fouettaient les rochers, et là, entre deux éclats d'écume, ils échangeaient des paroles tranchées comme des lames de couteaux.
Le conteur, avec ses airs moqueurs et ce regard pétillant de malice, lança, comme on jette une pierre dans une mare : "Dis donc, t’as vu le dernier truc que Floki a bricolé? Pff… un pendentif bizarre, avec une boussole et des spirales de tous les côtés. Pour qui il se prend ce vieux renard ?"
Le maître des runes, calme et majestueux comme le ciel d'hiver, ajusta sa toge et lui lança d'une voix profonde : "Ah, conteur... Toujours prêt à tourner en dérision ce que tu ne comprends pas! La spirale, c'est l'éternité, le mouvement perpétuel. Elle parle à l'âme, tu devrais le savoir. N'oublie pas que certains symboles sont plus anciens que nos histoires. Et puis ces gouttes, ces huit gouttes, elles représentent bien quelque chose..."
Le conteur fronça les sourcils, ses yeux se plissant comme ceux d'un chat sceptique. "Ah ouais? Et quoi donc?"
Le sage leva un doigt, comme s'il allait dévoiler un secret. "Les huit mondes de notre cosmogonie, peut-être? Les forces qui maintiennent cet univers en équilibre? Mais je suis sûr que tu préférerais une belle histoire plutôt qu'une leçon de symbolisme."
Le conteur ricana, un sourire en coin. "T'es vraiment incorrigible, vieux druide. Mais bon, t'as éveillé ma curiosité. Allons voir ce Floki. Je veux voir ce trésor de plus près."
Les deux compères, le sage et le moqueur, se mirent en route, traversant les landes embrumées, poussés par la même soif de découverte. Le pendentif de Floki promettait d'être un objet digne de leurs discussions, et peut-être même, qui sait, d'une nouvelle histoire à raconter.
Les deux hommes s'enfoncèrent dans les terres, suivant le sentier qui serpentait entre les rochers moussus et les pins tordus par les vents du nord. La brume enveloppait tout, donnant à la contrée un air de mystère que même le conteur, habitué aux légendes, ne pouvait ignorer.
À l'orée d'un bosquet, une silhouette se dessina. Floki, avec sa barbe drue et ses tatouages runiques, était en train de graver un nouveau talisman, sa lame dansant au rythme de ses chants incantatoires.
Le conteur s'approcha, un sourire malicieux sur les lèvres. "Eh bien Floki, on crée de nouveaux artefacts pour ensorceler les villageois ?"
Floki leva les yeux, un éclair d'amusement dans le regard. "Ah, conteur, toujours aussi perspicace! Mais dis-moi, as-tu déjà vu une simple boussole ensorceler quelqu'un?"
Le maître des runes s'interposa, posant une main apaisante sur l'épaule du conteur. "Montre-nous, Floki. Parle-nous de cette spirale."
Floki, avec une lenteur théâtrale, sortit le pendentif de sa poche. La lumière, bien que tamisée par la brume, semblait se refléter dans chaque spirale, chaque goutte. "Chaque spirale est un monde, chaque goutte, une essence. Ce pendentif est plus qu'un simple bijou. C'est une carte, une boussole pour l'âme, destinée à guider son porteur à travers les tumultes de la vie."
Le conteur, étonnamment silencieux, toucha le pendentif avec une certaine révérence. "C'est magnifique," murmura-t-il.
Floki hocha la tête. "La beauté est dans la simplicité, conteur. Et la simplicité est le chemin vers la vérité."
Le maître des runes sourit, un air satisfait sur son visage. "Tu vois, conteur, il y a toujours quelque chose à apprendre, même des choses qui semblent insignifiantes au premier abord."
Le conteur, avec une feinte indignation, répondit : "Je l'admets, cette fois-ci, tu avais raison. Mais attends la prochaine fois, vieux sage, je te surprendrai!"
Les trois hommes éclatèrent de rire, leurs voix se mêlant à la brume, et l'instant se figea, immortalisé dans le temps, comme une histoire à raconter, une légende à transmettre.
