Manches courtes
Matière : coton
Col rond
Visuel en impression numérique
Faut que je vous raconte, faut que ça sorte, faut que ça se répande dans l'air, comme une haleine de mort, l'histoire de ces Nordiques, de ces Vikings, toute cette engeance barbare et farouche qui jadis parcourait les mers déchaînées avec des symboles à n’en plus finir, gravés, sculptés, tatoués sur leur peau tannée par les vents salés. Et là, parmi ces signes mystérieux, faut que je vous parle de la Corne d'Odin, ouais, aussi appelée Triple Croissant de Lune, trois cornes entrelacées, entortillées comme les serpents de la mer, pour boire, pour célébrer, pour conjurer le sort, pour s'imbiber de courage.
Alors, d'où ça vient, ce truc-là? Ah, faut remonter loin, jusqu'à la mythologie nordique, bien avant les Vikings, ces guerriers au sang bouillant et aux yeux de glace. Ah, les Vikings, trois siècles à faire trembler l’Europe du Nord, sans laisser un foutu grimoire, un foutu parchemin, rien que dalle ! Fallait attendre le 12ème, le 13ème siècle pour que des scribes, bien au chaud dans leurs monastères, se décident à griffonner quelques légendes, quelques récits, quelques bribes de cette culture du froid et du fer.
Dans ces textes tardifs, on parle de l’Odin de la Poésie, dans la Prose de l’Edda. Odin, le père des dieux, le grand manitou, le chef des chefs, qui se baladait à la recherche d'un breuvage magique, l’hydromel, pour devenir skald, poète, sage parmi les sages. La Triple Corne, c'était les cuves de cet hydromel, de ce nectar divin.
Et le mythe, ah le mythe, il est coton celui-là, je vous le dis! Les dieux de l'Asgard et du Vanaheim, ils décident de faire la paix, de cracher tous dans une cuve, et pouf, ça donne un gars, Kvasir, le mec le plus malin du coin. Sauf que deux nains, vils et fourbes, le descendent et font avec son sang un nouvel hydromel, un truc de ouf, qui rend poète ou philosophe quiconque y trempe les lèvres. Et ces nains, ils foutent le breuvage dans deux cuves et une bouilloire.
Odin, toujours en quête, trouve le précieux liquide, s’enfile la bouilloire et les cuves, et se tire en aigle vers Asgard. Et voilà comment l'hydromel, cette piquette au miel, devient à la mode, avec ses cornes à boire, et tout le tintouin, et comment la Triple Corne d'Odin se lie à jamais à cette quête de sagesse et de poésie, dans l’écume des jours et la fureur des nuits vikings.
Mais tout ça, tout ça, c'est des histoires, des légendes, des mythes, des trucs à raconter au coin du feu, en buvant une bonne rasade d’hydromel, dans une corne, évidemment ! Ah, qu'est-ce qu’on ferait pas pour un peu de sagesse et de poésie dans ce monde de brutes !
